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Héros sans emplois
24 mars 2007

Mourhea/Môman

            Hier j'ai vu un film grandiose. Et j'aime les films grandioses, surtout quand le scénario n'est pas complètement stupide. Et là ça n'était pas tout à fait le cas. Avant d'aller plus loin je vais préciser de quoi je parle, le film s'appelle "La cité interdite", son réalisateur, Zhang Yimou, le même bonhomme a aussi réalisé Hero, qui est ma fois plutôt chouette, quoiqu'à mon avis il ne vaut pas le petit dernier.

            Pourquoi j'écris cet article ? Parce que j'ai pas envie de faire des maths

: )=

            Donc la pelote du noeud de l'histoire, c'est une conspiration au sein de la famille royale Chinoise, en je-ne-sais-combien avant J.C., mais suffisamment longtemps auparavant pour que la chine de l'histoire soit le pays le plus fastueux du monde, comme l'Egypte d-il y a 5000 ans. C'est toujours saisissant de voir comme des civilisations, qui sont des modèles de ce que peut faire l'homme quand il trouve un équilibre entre guerre et prospérité, ont perdu la gloire qu'ils devaient croire éternelle, après plus de mille ou deux mille ans de stabilité, comment la suite des siècles les a transformés en pays du tiers monde puis en ceux qu'on appelle maintenant "pays émergeant". Saisissant et décevant de voir que les précurseurs des siècles passés ne sont aujourd'hui guère que des coureurs de fond à la poursuite du modèle américain... occidental... mondial... mondialisation ! Argh, on y vient, vade retro civilisation mondiale ! Enfin tout ça pour dire que de mon point de vue, les civilisations phare du passé étaient plus brillantes que celle que nous construisons aujourd'hui, ou peut être est-ce parce que justement nous n'avons pas l'intention de construire quoi que ce soit.

            En fait, ce que je viens de dire est assez peu constructif, si on regarde sur quoi je me base pour condamner notre médiocre présent, je compare bêtement les vestiges grandioses de deux empires dont les rois étaient mégalomanes et le peuple pas tout à fait aussi prospère que la cour impériale avec un système dont je fais partie intégrante, et dont par conséquent je ne vois que les travers, bon français que je suis. Le commun des mortels compare les civilisations éteintes par les merveilles architecturales qu'elles ont laissé en s'éteignant, non parce qu'elles sont toute sa connaissance de l'histoire, mais parce qu'elles recèlent une part de mystère. Il les trouve incomparables à son quotidien parfois banal, et pour cause, quel politicien pourrait promettre à chacun de ses électeurs la cité interdite, une pyramide pour tombeau ? De toute façon, qu'ils n'essaient même pas, s'ils osaient je ne les croirais pas. D'ailleurs cette phrase me fait penser que la nostalgie d'un peuple est un poison dont un politicien sans scrupules peut user avec largesse, même si aujourd'hui en France la démagogie de ce genre n'est à la mode que dans les marges, des crétins comme De Villiers peuvent toujours surfer sur l'ignorance populaire pour leur présenter le passé comme un futur enviable.
            Arf, plus j'écris et plus je doute que mes soupirs devant les merveilles d'autrefois soient si inoffensifs que ça, il faut que j'apprenne à apprécier le bon tout en gardant le mauvais à l'esprit, je gagnerais parfois à être un peu moins manichéen,comme beaucoup d'autres.
            Voilà comment je passe de l'admiration à l'aveuglement, et de l'aveuglement à l'éveil...
            Enfin tant que rêver aux siècles passés ne me rendra pas aigri devant ce qu'est le monde aujourd'hui, la nostalgie de ce je n'ai pas connu ne sera pas une noyade, je pourrai encore m'y abandonner.

            Bien, après cette réflexion qui se mord la queue, j'en viens au vif du sujet : le film.
            J'ai cru lire à propos du réalisateur, qu'il était metteur en scène à l'opéra, et si c'est le cas, ça explique peut être pourquoi ce film ressemble tant à un ballet. Individuellement les acteurs ne dansent pas, mais ils ont tous une posture et des gestes si gracieusement prémédités, (même le son de leurs chaussures, de leurs armures est régalien,) que leurs mouvements paraissent comme chorégraphiés. Il en va de même pour les décors, je ne peux pas croire que la chine ou quelque empire que ce soit ait atteint une telle démesure dans ses rituels, ni une telle richesse, tout n'est qu'or, argent, soie, verre, fleurs... La puissance du faste écrase complètement les humains qu'on croise, dansant, au détour d'un couloir.
            Pendant la majeure partie du temps, la caméra suit la reine dans les dédales du palais, plus sculpture que femme, cette partie du film présente certaines ressemblances avec Marie Antoinette, de Sophia Coppolla, elle montre comment toute notion de réalité peut disparaître de l'esprit des dirigeants lorsqu'ils sont si encerclés par les protocoles et le luxe que plus rien ne filtre du monde extérieur. Cette reine ne vit pas, elle paraît, (et elle conspire, ce qui peut finalement s'apparenter à de la vie. ) Ensuite c'est la tragédie qui s'installe, et on dépasse des sommets dans le grandiose. Evidemment parfois on se dit que le trait est un peu gros, mais ça n'est pas rendre hommage au film que de dire seulement « parfois », la démesure est justement ce qui le rend beau, moins théatral il l'eût été trop. En sortant je me disais que ça ressemblait à Hamlet pas par l'histoire mais par la structure, et maintenant je me demande comment shakespeare était perçu de son vivant.
            Autre chose, je me demande si cette manière de créer la beauté par le nombre ( je n'ai jamais vu autant de figurants ) n'est pas un héritage du communisme...

Vroum si ça s'affiche pas

   Ce

        qui

      me

            plait

         le

       plus

dans ce film ...

C'est la part d'apparat qui n'est là que pour le plaisir de l'apparat, et la manière dont elle s'intègre au film sans se substituer au scénario alors que le réalisateur aurait très bien pu se contenter d'un film creux mais beau et tout de même faire des bénéfices extraordinaires. Ma fois, il ne faut pas toujours cracher sur ce qui nous émerveille plus qu'il ne nous fait réfléchir.

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Commentaires
G
Je suis bien d'accord avec toi à propos de la Chine du film qui n'est certainement pas le reflet d'une quelconque réalité historique dans sa richesse, c'est d'ailleurs pour ça que je dis " je ne peux pas croire que la chine ou quelque empire que ce soit ait atteint une telle démesure dans ses rituels, ni une telle richesse, tout n'est qu'or, argent, soie, verre, fleurs... "<br /> Mais quand même ! C'était un grand pays à mon avis, et ce qu'il reste de la cité interdite ne dément pas la grandeur de la cour au temps des empereurs. Parce qu'un pays a beau être barbare, ça n'empêche pas ses souverains de se baigner dans l'or et les feuilles de rose. Mais ce film est complètement déconnecté de tout ce qui peut se passer hors les murs du palais, hormis quelques scènes. Et a mon avis si on ne la regarde que par ce biais là la chine du Xeme siècle n'était rien de plus barbare que Constantinople. <br /> Mais tu pense pas que le sens de l'esthétique des chinois dérive en partie du communisme ? C'est plus vieux que ça ?
U
je suis desolé de casser le mythe yoann mais je viens de decouvrir je cite:<br /> "Le synopsis étant une adaptation d'une intrigue se passant dans les années 1930, il ne s'embarrasse pas non plus d'une rigueur historique "<br /> "Les très longs faux ongles que porte l'impératrice incarnée par Gong Li ne deviendront populaires que sous les Ming, quelques siècles plus tard. <br /> Bien que la plupart des personnages du film, aussi bien principaux que secondaires, portent des vêtements ou des armures dorées, l'or était en fait une couleur à usage exclusif de l'empereur, excluant également sa famille proche. Toute personne bravant l'interdiction pouvait être passible de la peine de mort. <br /> Les acteurs portent des armures en plaques. Pourtant, il est peu probable que ce type d'armures ait pu être utilisé tout au long de l'histoire chinoise. Bien que populaires en Occident à partir du XVe siècle, les armures en plaques restreignent dramatiquement les mouvements du soldat et, pour cette raison, n'étaient pas utilisées en Chine. On leur préférait les cottes de mailles ou les armures en écailles. " <br /> voila pour quelque precision
U
Yoann.... Yoann.... j'ai fait l'effort de lire ton post...lol...<br /> et premierement ne fait des generalités sur les civilisations a partir d'une fiction...je pense que si on etudie la civilisation chinoise a cette epoque ce devait etre plus de la barbarie que du beau monde en train de se ballader dans des couloirs avec des habits de soie...les empereurs chinois etaient connus pour leurs barbarismes sur tout les fronts donc je pense pas que ce fut si faste que ce film nous laisse paraitre et ensuite la plupart des films chinois mettent les gens en choregraphie car pour eux c'est un mode d'expression auquel ils sont tres sensible contrairement a nous pauvres europeens...il suffit de regarder un combat a l'épée mm dans le plus minable des film chinois ce n'est pas du combat pour du combat...il y a une vrai ame et personnalité dans le style de chaqun ce n'est pas pour rien que l'on dit qu'un parfait calligraphieur et un parfait escrimeur!! <br /> pour ce qui ne connaisse pas l'anecdote svt pour connaitre le style a l'arme de certain, l'ennemi etudiait son style de calligraphie ou sa tenu des baguettes ce qui est tres revelateur ainsi que de nos jours la facon dont on tient des baguette est parait il revelateur de notre comportement...;voila sinon je demanderai a ma chinoise si tu as raison d'adulé la chine ancienne ou si ce n'est qu'un mythe... bisoius+
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